Tourcoing - Hôpital Gustave Dron

Hôpital Gustave Dron de Tourcoing

Tourcoing compte 79 000 habitants en 1901. Un hôpital civil, fondé en 1843, d'une capacité de 217 lits et un hospice général de 520 lits pour personnes âgées et orphelins doivent répondre aux besoins de la population bien qu'ils soient saturés. Ils sont gérés par la Commission Administrative des Hospices de Tourcoing, présidée par le Docteur Gustave Dron, député-maire de la ville.

La tuberculose fait des ravages dans la population ouvrière et le nombre de malades chroniques convalescents augmente. Le 13 avril 1903, il est décidé de construire un sanatorium d'une capacité de 250 lits pour des malades ayant besoin d'une cure d'air. Appliquant les idées pastoriennes, Gustave Dron privilégie les notions d'antisepsie et d'isolement des malades dans la disposition du futur sanatorium. L'architecte communal Maxime Sevin est chargé d'en élaborer les plans en 1903. Les travaux débutent en 1904. Il est construit grâce à de nombreux matériaux provenant d'un ancien château, comme en témoigne l'entrée aux grilles imposantes. En 1906, Henri Loridant est nommé directeur et le Docteur Lagache est nommé médecin en 1907, puis sera remplacé par le Docteur Ducatillon en 1914. Les premiers convalescents sont admis le 6 juillet 1908. Seuls les malades ne nécessitant pas de soins assidus sont acceptés. Les malades chroniques et les incurables ne sont pas admis. En 1912, le sanatorium devient un établissement suburbain.

Chaque pavillon d'hospitalisation a une capacité de 66 lits (18 chambres individuelles et 6 salles communes de 8 lits). Le pavillon des convalescents, le pavillon des convalescentes et le pavillon " refuge maternel ", qui accueille les femmes qu'il faut hospitaliser avant leur accouchement, sont chauffés à la vapeur à basse pression et sont aérés par des appareils de ventilation appliqués aux fenêtres. Les patients peuvent faire des cures d'air dans une galerie promenoir. Le pavillon d'hydrothérapie comporte un côté hommes et un côté femmes et comprend huit cabines de bains avec baignoires, deux salles de douches, deux cabines de sudation et deux vestiaires. Un atelier d'aide par le travail procurait un emploi facile et rémunérateur aux malheureux (sourds, malvoyants, épileptiques, mutilés…) afin qu'ils puissent gagner honorablement leur vie en fabriquant des sièges en bois courbés. Néanmoins, ne donnant pas le résultat escompté, l'atelier fut rapidement déficitaire et prit fin lors de la guerre 1914-18.

De 1915 à 1918, le sanatorium est occupé par l'armée allemande qui le transforma en lazaret pour typhiques. Les convalescents sont alors transférés à Hospice d'Havré et à l'Hôpital Civil. Certains sont renvoyés chez eux. Le personnel fut muté à l'hôpital. Suite au départ des troupes allemandes, l'armée anglaise y installa une ambulance jusque fin avril 1919.

Après 1918, une Ecole de Rééducation des mutilés de guerre est créée. En 1923, un pavillon traitant des affections pulmonaires est ouvert. Un inhalatorium (installation pour traiter les anciens combattants intoxiqués par les gaz de combats et souffrant de troubles de l'appareil respiratoire) est installé au sanatorium. En 1927, un pavillon est aménagé pour l'hospitalisation des femmes et un autre pour les enfants. Un nouveau bâtiment est également construit avec une terrasse solarium qui sera utilisée pour la cure d'air. Malgré les nouveaux aménagements, le sanatorium ne sera pas reconnu comme établissement luttant contre la tuberculose au titre de la Loi Honnorat.

En 1933, Albert Inghels, Maire de Tourcoing et Président de la Commission Administrative des Hospices Civils, propose de regrouper à l'hôpital-sanatorium les services de médecine générale et contagieux situés alors à l'Hôpital civil. En 1935, la Commission Administrative demande à la Congrégation des Sœurs Augustines de Cambrai l'affectation de huit Sœurs hospitalières pour le sanatorium. En 1938, l'Hôpital-sanatorium prend le nom " Hôpital Gustave Dron ".

En mai 1940, les bombardements entrainent des dommages à l'Hôpital Dron et à la ferme de la Bourgogne. Les malades sont transférés dans les locaux du collège de jeunes filles jusqu'en juillet 1940. Le Professeur Claude Huriez, Professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Lille, est nommé médecin du sanatorium à compter du 1er janvier 1941. Le 4 avril 1941, la Commission Administrative des Hospices décide que l'Hôpital Gustave Dron, situé 332 rue de l'Yser, prend l'appellation " Centre Médical Gustave Dron " regroupant tous les services de médecine adultes et enfants. Une polyclinique médicale ouverte à l'exercice libérale de la médecine est créée. L'Hôpital Civil, situé 138 rue Nationale, regroupe alors tous les services de chirurgie, d'obstétrique et de spécialité et prend le nom de " Centre chirurgical de Tourcoing ". Le Centre Médical Dron assure le relais avec les hôpitaux, les hospices communaux et les Hospices Civils de Lille (CHRU de Lille à partir de 1958). Le pavillon Calmette contribue à la lutte contre la tuberculose et assure le relais avec l'Hôpital Calmette de Lille (annexe de Ronchin) et le sanatorium départemental de Felleries-Liessies.

Sources :

  • Lezy, Michel. Le Sanatorium de Gustave Dron : de l'asile de convalescence au centre médical Dron. 1903-1945. Tourcoing : Centre d'Histoire Locale, 2008.
  • Médiathèque André Malraux de Tourcoing. Catalogue de l'exposition " Tourcoing au temps de Gustave Dron (1856-1930) ", 2010.