Saint-André - Centre de soins Ulysse Trélat

Centre de soins Ulysse Trélat de Saint-André

L’administration hospitalière avait créé en 1837 à l’Hospice Général un service spécial pour incurables (idiots, insensés, déments, épileptiques, aveugles ….) de façon à éviter de les mélanger avec les vieillards hospitalisés. Il s’agissait d’une solution provisoire dans l’attente de la construction d’un établissement pour ce genre de pathologie. La loi de 1838 sur l’enfermement des aliénés sollicite la création d’établissements d’accueil dans chaque département, l’aliéné devient un malade qui doit être soigné. En 1937 les asiles se transforment en hôpitaux psychiatriques. Durant la même année sont créés les dispensaires d’hygiène mentale.

En 1890 Madame Delorme-Deron lègue sa fortune aux hospices civils de Lille pour cette réalisation avec l’aide financière de la ville de Lille, du Département du Nord, et de l’administration hospitalière qui mettra la différence et procurera un terrain de 6 hectares pour la construction de ce nouvel hôpital. Situé au 76 rue de Lambersart à Saint André-lez-Lille, sa construction est confiée à Emile Dubuisson en 1902 (architecte du nouvel hôtel de ville de Lille en 1924). De type Pavillonnaire sur le modèle de l’Hôpital Lariboisière de Paris, l’architecture y est soignée avec des briques émaillées, des structures métalliques type Eiffel composent le vestibule, des espaces arborés dans l’esprit de l’hôpital hygiéniste du XXe siècle harmonisent l’ensemble.

Il est inauguré en 1907. Il est réservé aux malheureux âgés de moins de soixante ans, atteints d'infirmités qui les empêchent de subvenir à leurs besoins par le travail.

L’établissement comprend deux ailes symétriques de quatre pavillons soit huit pavillons de 80 lits, reliés par des galeries fermées, d’un côté le service des femmes, de l’autre le service des hommes. On retrouve le logement de l’économe, du concierge, les services médicaux, l’infirmerie, les salles de jour (ouvroir, fumoir, réfectoires) salle de bains, douches, laverie, dortoirs d’incurables. Derrière les bâtiments sont installés la cuisine, la pharmacie et les services industriels (chaufferie, station de pompage...) la buanderie, lingerie centrale pour l’ensemble des établissements hospitaliers sauf pour l’Hôpital Calmette, soit 2 tonnes de linge/jour, son fonctionnement durera jusqu’à l’ouverture d’une nouvelle blanchisserie sur le site de la Cité Hospitalière de Lille en 1953.    

Lors de la Deuxième Guerre Mondiale, l'aile gauche de l'Hospice devient un hôpital militaire de l'armée d'occupation. En 1944, l'hospice fut entièrement réquisitionné par les Britanniques. Les patients sont alors accueillis à l'Hospice général de Lille et sur les hospices de Roubaix.

Le 29 septembre 1945 sur proposition du Directeur général des Hospices de Lille en accord avec le Conseil Général du Nord et du Doyen de la faculté de Médecine, le Professeur Pierre Combemale (1944- 1963), fut proposée une restructuration de l’établissement :

  • Clinique neurologique et de psychiatrique                                                                                                 
  • Centre Départemental de triage psychiatrique (observation des malades suspects   d’aliénation mentale en attendant une orientation vers les hôpitaux psychiatriques d’Armentières ou Bailleul)                                                                                                                         
  • Service de convalescents pour les deux sexes                                                                                           
  • Service d’incurables                                                                                                                              

La même année la commission décida de remplacer le vocable Incurables (assimilé à déchéance physique) par celui de chroniques  et de donner à l’établissement l’appellation d’Hôpital-Hospice Suburbain en raison de sa nouvelle destination médical et situation géographique. En 1946 la Commission Administrative décide l’aménagement du service de Neurologie ainsi que du cabinet médical du service des chroniques et convalescents qui seront fait dans l’aile gauche de l’hôpital.

La répartition des services d’hospitalisation sera la suivante :
Clinique Neurologie et Psychiatrique - Bloc 1 (hommes)

  • Salle De Martel (RDC) 20 lits pour la neurochirurgie,
  • Salle Babinski (RDC) 20 lits pour la petite psychiatrie,
  • Salle Pierre Marie (étage) 40 lits pour la neurologie      
Clinique Neurologie et Psychiatrique – Bloc 3 (femmes)
  • Salle Cushing (RDC) 20 lits pour la neurochirurgie,
  • Salle Janet (RDC)  20 lits pour la petite psychiatrie,
  • Salle Dejerine (étage)  40 lits pour la neurologie.

L’ensemble comprenant les salles d’opérations, de stérilisation, de pansements, de radiologie et chambres pour grands opérés.

Centre Départemental de Triage - Psychiatrique – Bloc 5

  • Salle Régis : 40 lits pour les cas mentaux (hommes)
  • Salle Charcot : 40 lits pour les cas mentaux (femmes)


La clinique de neurologie est assurée par le Professeur Paul Nayrac et le Professeur Emile Laine pour la Neurochirurgie.

Ceci fonctionne jusqu’au transfert du service dans la nouvelle Cité Hospitalière et universitaire de Lille (Hôpital Claude Huriez) en 1958 à l’aile Ouest  et 1983 à l’Hôpital Roger Salengro.

En 1965 l’hôpital-hospice devient le Centre de Soins Ulysse Trélat (CUT) qui fonctionne comme Hôpital Psychiatrique Départemental. Le Conseil Général du Nord acquiert l’établissement des hospices civils de Lille dans le but d’expérimenter à Lille et sa banlieue la politique de sectorisation du 15 mars 1960.

En 1974 le plan départemental de Lutte contre les maladies mentales, alcoolisme et toxicomanies est confié au Centre Ulysse Trélat (CUT) avec pour mission de desservir les trois secteurs de Lille. En 1998 le CUT fusionne avec le Centre hospitalier de Lommelet (créé en 1885 par les frères de Saint Jean de Dieu) situé à proximité et spécialisé comme lui dans les soins aux personnes souffrantes de troubles mentaux. Cela donne naissance à l’Etablissement Public de Santé Mentale de l’agglomération Lilloise de Saint André.

A partir de 2008  les services des soins quittent le CUT, en 2014 la pharmacie, le magasin général et les archives en 2015. 

Le Conseil général récupère à cette date l’ensemble des bâtiments qui  sont vendus en 2019 au promoteur immobilier Capelli pour la somme de 14 millions d’euros afin de le reconvertir en résidence immobilière de 450 logements. L’architecte Jean-Michel Wilmotte, membre de l’Académie des Beaux-arts, dessine le nouveau visage de cette architecture hospitalière d’exception. L’agence Wilmotte & Associés figure dans le classement mondial des 100 plus grands cabinets d’architecture. Le programme immobilier s’intitule le « Domaine d’Hestia » (Hestia dans  la mythologie grecque est la déesse du foyer domestique), il s’ordonne autour de l’ancien hôpital et ses dépendances du début du siècle dernier. Construit en briques emblématiques de l’architecture flamande  nichées dans un le parc habité de 7 hectares, on découvrira le patrimoine boisé originel du site riche de 300 arbres de 15 espèces différentes s’apparentant à un véritable arborétum, avec ses résidences contemporaines aux lignes sobres. On retrouve la volonté de conserver la partie historique ou seront aménagés 150 appartements et 300 dans des immeubles neufs. Belle réalisation où  l’histoire et le patrimoine ont été respectés. 

Rédigé par M. Patrick KEMP, janvier 2021.

Chronologie :

  • 1907 Hospice des incurables
  • 1945 Hôpital-hospice suburbain
  • 1965 Centre Ulysse Trélat
  • 1998 Centre de soins de santé mentale Ulysse Trélat (EPSM)
  • 2019 Domaine d’Hestia                                                                                                                                                                    

Photographies personnelles prises en 2018 et 2020. 

Centre de soins Ulysse Trélat de Saint-André
Centre de soins Ulysse Trélat de Saint-André