Si l’histoire des blocs opératoires m’était contée

Regard sur la création et l’évolution des salles d’opération, et sur le perfectionnement des techniques chirurgicales.

En 1311, Philippe le Bel institua à Paris le Collège Saint Côme (Patron des Médecins et des Chirurgiens) chargé de contrôler la formation des chirurgiens barbiers, qui opèrent à domicile, dans des tentes sur des champs de batailles. Il n’y avait pas de local prévu pour intervenir chirurgicalement.
Chirurgien : un métier qui se professionnalise

En 1748, les lettres patentes de Louis XV mirent le chirurgien et le médecin sur un pied d’égalité. Le chirurgien sera formé à la Faculté et à l’Hôpital. En 1795 se pose la question de l’endroit où opérer le malade : à l’amphithéâtre, dans la salle des malades, dans son lit ou sur une chaise. En 1830, Dupuytren, chirurgien du Roi Louis XVIII et fondateur de l’anatomie pathologique, opère encore en salle des malades faute de locaux spécifiques.

Les premiers blocs sont nés à la fin du XIXe siècle avec les notions de l’hygiène hospitalière.

L’hygiène fait son entrée au bloc
Face à l’augmentation des infections et suite aux travaux de Pasteur sur le lavage des mains (asepsie) en 1865, une autre découverte importante sera faite en Angleterre, qui trouvera un écho en France avec Lucas Championnière, sur la désinfection des surfaces (antisepsie).
En 1893, on conçoit les premières salles dédiées à des interventions chirurgicales, avec du matériel spécifique (locaux pour les pansements, eau chaude courante, salle septique, autoclave, murs carrelés, plan de travail en lave émaillée).
L’éclairage se faisait par la lumière du jour à travers de grandes baies vitrées, en attendant l’ampoule électrique d’Edison en 1879 et l’apparition du scialytique (lampe sans ombre).

Les premières tables d’opération
En 1860, elles étaient en bois avec possibilité d’adapter des étriers gynécologiques. Jules Péan, chirurgien, mettra au point en 1892 une table métallique avec pilier central, plateau réglable en hauteur et trois parties inclinables. En 1957, la table électrique Macquet permettra, grâce à ses articulations, d’adapter les différentes positions opératoires, marquant un grand progrès. L’apparition de l’autoclave, ou encore du poupinel, permettent également de stériliser les instruments chirurgicaux, les compresses…
Après la Seconde Guerre Mondiale, le nombre des blocs opératoires augmenta suite aux nouvelles découvertes médicales, mais aussi à la loi Debré de 1958 qui rénova les structures sanitaires.
La chirurgie ambulatoire, l’informatique robotique, l’endoscopie, l’endochirurgie bouleversèrent les techniques et usages au bloc qui devient plus vaste et polyvalent.

L’habit du chirurgien
En 1830 le chirurgien opérait en tenue de ville sans gants et pouvait passer d’une séance de dissection à une intervention sans se laver les mains.

En 1883, il portait un grand tablier blanc traditionnel de boucher. En 1930 la tenue blanche de chirurgien se compose d’un sarrau stérile en coton, d’un calot, d’un masque et de bottes en tissus. En 1980 le non tissé stérile à usage unique fait son apparition. 

Hôpital de la Charité de Lille. Salle d'examen. Début XXe siècle.

Service traumatologie, Cité hospitalière de Lille, 1953.  Voûte Blin avec 61 projecteurs elliptiques convergeant vers le champ opératoire.