L'art de guérir, hier et aujourd'hui...

Par le Docteur Marcel Héraud, Administrateur de notre Association.

La médecine atteint de nos jours un haut degré de perfectionnement et nous bénéficions des progrès considérables apparus en un demi-siècle dans l'art de guérir. Pendant le XIXème siècle et le début du XXème siècle, de quelles armes thérapeutiques disposait le disciple d'Esculapes ? Le recours aux extraits végétaux était quotidien avec les infusions de menthe, de camomille ou de verveine sans oublier l'anis étoilé pour ses propriétés carminatives. L'herboriste a joué dans le passé un rôle que nous avons du mal à imaginer. On croyait beaucoup aux dépuratifs et le sirop iodotannique était en vogue. En présence d'un malade déprimé, on stimulait l'organisme avec une potion alcoolisée sans oublier le champagne réservé aux vieillards dans les cas graves. Deux prescriptions revenaient couramment sous la plume du praticien avec la diète et le lavement, des mesures pleines de sagesse qui ne pouvaient nuire. Plus discutable était le recours à la purgation volontiers répétée. Lorsqu'un organe était congestionné ou enflammé, c'était le recours immédiat à la révulsion avec les cataplasmes à la farine de lien ou de moutarde, aux sinapismes et aux ventouses simples, voire scarifiées si la situation était plus sérieuse. On prescrivait en applications externes des baumes, des liniments ou des pommades au salicylate de méthyle dont l'odeur poursuivait avec ténacité le rhumatisant. HIPPOCRATE avait dit : " Ce que le fer ne guérit pas, le feu le guérit ", d'où l'usage du thermocautère. Deux procédés eurent longtemps la vogue. La saignée fut largement utilisée faute d'un autre choix. Plus judicieux fut le recours aux sangsues. On dut en 1830 importer 30 à 40 de ces bestioles.

Fort heureusement, des découvertes sensationnelles sont apparues après 1850 dans l'art de guérir. On isola les alcaloïdes (morphine, quinine ou cocaïne), on découvrit des médicaments chimiques comme l'aspirine ou le gardénal. La chirurgie prit son essor grâce à l'anesthésie et aux mesures d'asepsie et d'antisepsie. Vaccins et sérums transformèrent le pronostic des maladies infectieuses.

A l'évocation de la médecine d'antan, nos jeunes confrères prennent pleinement conscience de la richesse de leur arsenal thérapeutique. Au début de leur activité professionnelle, les plus âgés d'entre nous se souviennent d'avoir eux aussi prescrit ventouses et sangsues voici un demi-siècle. Jeunes ou moins jeunes, reconnaissons les mérites de nos confrères d'antan. Ils ont exercé leur art en omnipraticiens au plein sens du terme. Avec de modestes moyens, ils ont soigné une population mal informée des règles d'hygiène et de santé. Fidèles au serment d'HIPPOCRATE, ils se sont efforcés de guérir leurs patients. Ils les ont constamment soulagés et consolés.

Article publié dans le Bulletin de l'Association des retraités et allocataires de la C.A.R.M.F. de la Région Nord-Picardie. n° 40. Mai 2006.

Reproduit avec l'aimable autorisation de son auteur.